Remarques préliminaires:- Spoiler:
- Ce sujet n'est en aucun cas une vérité absolue, à prendre au mot près. Juste quelque chose qui me trotte dans la tête depuis un petit moment, et qu'une conversation avec l'illustre TCN me pousse à rédiger pour avoir d'autres avis que le mien.
- Pour illustrer mes propos, je vais utiliser l'un de mes scénarii, Æternum, que vous trouverez dans la partie scénario de ce forum. Si j'ai choisi l'un des miens, ce n'est pas par vanité. Sa construction est juste celle qui me paraît la plus adaptée à illustrer facilement mon propos. Et puis ça me fait un peu de pub, aussi ^^
Petite introduction et mise en contexte...Dans l'antiquité grecque, trois premières disciplines sont apparues en même temps: Les Mathématiques, la Physique, la Philosophie. Définissons clairement ces trois termes, essentiels et au cœur du raisonnement qui va suivre.
NB : Ces définitions sont susceptibles d’être modulées, améliorées au cours du raisonnement qui suit.
Les Mathématiques constituent un domaine de connaissances abstraites construites à l’aide de raisonnements logiques. Fondées sur des axiomes et raisonnant par démonstration, les maths, qui ne se rapportent jamais au concret, sont par nature parfaites. En effet, ce qui est démontré est tout le temps vrai dans les conditions énoncées.
Les mathématiques, c’est donc une science abstraite et parfaite.La Physique est une science basée sur l’observation du concret, du réel, pour en tirer des lois et tenter de l’expliquer. Cependant, l’observation du concret étant limité par la précision des instruments de mesure, entre autres, la physique est une science imparfaite, qui évolue au cours du temps.
La physique, c’est donc une science concrète et imparfaite.La Philosophie est la science de la réflexion. Elle consiste à définir des termes, notions, de les associer puis d’en débattre et d’y réfléchir, afin d’expliquer de nouvelles notions, concrètes ou abstraites. De ce fait, la philosophie est à la fois parfaite, de par le débat et la réflexion, et imparfaite, de par les définitions des notions, qui peuvent toujours être repensées, améliorées, éclairées sous un angle nouveau.
La philosophie, c’est donc une science complète et controversée. Ces trois disciplines sont donc complémentaires. L’une ne pourrait exister sans les deux autres. Par exemple, c’est parce que l’homme a pu assurer sa survie, grâce à la physique, elle-même basée en partie sur les mathématiques, que l’homme a pu sans crainte trouver matière à philosopher.
Par suite, ces trois sciences sont apparues exactement en même temps, puisqu’il est impossible que l’une existe sans les deux autres. On parlera par la suite des trois disciplines fondamentales.
Du rapport avec le scénario...Venons en au fait. Dans les lignes qui suivent, nous allons tenter de montrer le rapport étroit liant l'écriture du scénario aux mathématiques, à la physique et à la philosophie.
On distinguera deux étapes lors de la création d'un synopsis.
Tout d'abord, il est nécessaire de mettre en place un ensemble de règles, cohérentes, régissant un univers lui aussi cohérent. C'est le cadre nécessaire à toute histoire. Toute histoire possède ses règles. Que ce soit un récit historique, ou une tranche de vie, ou même un dessin animé...
L'exemple est criant dans le film
Qui veut la peau de Roger Rabbit?, où humains et toons se côtoient comme si de rien n'était.
Comme chacun le sait, la règle d'or de la vie d'un toon est qu'il ne peut pas mourir. Il peut se prendre un train dans la tronche, être pris dans une explosion, le toon ne mourra pas. Si vous en doutez, regardez donc bip-bip et coyote, ci dessous:
https://www.youtube.com/watch?v=PEZCP7sHaZ4 Comptez donc le nombre de trucs a priori impossible, et le nombre de fois où le coyote aurait du mourir... Mais il ne peut pas mourir. C'est la règle du dessin animé: tout est possible.
Pour en revenir à Roger Rabbit, l'intrigue tourne autour du fait suivant: un toon, fou, laisse tomber un piano sur la tête d'un humain, qui le tue. Normal. Si c'avait été un toon, il ne serait pas mort, cependant. C'est là l'intrigue du film: le toon, fou, ne fait plus la différence entre toons immortels et humains, fragiles.
Il y a donc bien mise en place d'un certain nombre de règles, propres à l'univers, déterminée avant de commencer l'écriture à proprement parler.
Or, en maths aussi, il existe également un certain nombre de règles, appelées axiomes, dé"terminées avant de pouvoir commencer à travailler. Sans ces axiomes, les mathématiques n'existeraient pas, purement et simplement.
Il existe donc bien un parallèle possible entre les mathématiques et le scénario. Toutes deux sont définies par des règles qui leur sont propres.
Prenons le cas d'Æternum:
- Citation :
- Æternum est un monde curieux : un gigantesque disque tournant sur lui-même au centre de l’univers. Il est éclairé par un Soleil et possède deux Lunes, ces trois astres tournant autour de lui. Cette planète, à la forme pour le moins particulière, est régie par des lois immuables, appelées axiomes, qui, selon les dires des habitants, les Æternistes, auraient été édifiées par les Dieux eux-mêmes. On en dénombre actuellement trois :
- Tout être d’Æternum, qu’il soit de nature animale, végétale ou humaine, ne peut mourir. Lorsque le corps abritant l’esprit Æterniste se retrouve dans l’incapacité physique de poursuivre son existence, l’esprit le quitte et le corps commence sa décomposition. L’esprit, alors en phase de Réincarnation, se réincarne aussitôt dans un nouveau corps, de nature animale, végétale, ou humaine. On appelle « vie », la phase débutant à la naissance d’un corps habité par un esprit Æterniste et se concluant par le début de sa décomposition. De même, on nomme « mort » le passage de la vie à l’initialisation de la décomposition.
Ainsi, le nombre d’êtres peuplant Æternum est toujours constant : c’est l’Equilibre Fondamental.
- La nature du nouveau corps d’un Æterniste est déterminée par le mérite de l’être durant sa vie précédente. Plus la vie de l’Æterniste est vertueuse, meilleur sera le corps dans lequel il se réincarnera. A l’inverse, si l’Æterniste mène une existence dépravée, voire criminelle, son prochain corps sera de moins bonne qualité. Ainsi, le nombre d’être de chaque nature reste globalement constant sur Æternum : c’est l’Equilibre Secondaire.
- De ce second axiome en découle un troisième : la Classification des Êtres. Les différentes natures des corps sont classées de par leur qualité de la façon suivante. Par ordre croissant qualitatif : végétale, animale, humaine. Chaque nature est elle-même divisée en sous-catégories, formant de cette façon une infinité d’espèces différentes, de valeur non équivalente.
Ici, on définit les règles, axiomes régissant Æternum et ses habitants sont définis avant d'avoir écrit une quelconque histoire. Créer un monde cohérent, c'est donc créer ses propres axiomes, son propre univers parfait.
Créer un scénario dépend donc directement des mathématique, discipline fondamentale.
Par la suite, une fois le cadre mis en place, il faut écrire une histoire, faire interagir des personnages. Les personnages, installés dans un cadre défini, doivent vivre une aventure, des péripéties. Pour cela, l'auteur se pose une question. Quelles sont les possibilités qui s'offrent à mon personnage? Qu'est-ce que l'univers dans lequel il évolue lui permet de faire?
L'auteur observe son univers, et en tire des lois, des conséquences possibles. De la Physique.
Exemple: Dans le monde d'Æternum, on ne peut pas mourir. Cet axiome laisse de multiples possibilités. On en choisit une: l'héroïne va chercher à aller contre l'axiome, et chercher à mourir.
Observation des possibilités. On en tire une loi. On fait de la physique.
Créer un scénario dépend donc directement de la physique discipline fondamentale.
Cependant, pour qu'un scénario soit vraiment intéressant, il manque un troisième ingrédient. L'univers est cohérent, les péripéties, également. Cependant, qu'en est-il du fond, de la psychologie des personnages, des dialogues, de la réflexion? Sans la philosophie, le scénario est creux, sans âme.
Exemple: Essayez d'imaginer certains films psychologiques ou avec une certaine réflexion (The Shining, Matrix) come une suite d'action. Ca n'a aucun intérêt...
Créer un scénario dépend donc directement de la philosophie, discipline fondamentale.
Nous venons donc de montrer que l'écriture d'un scénario dépend directement de trois disciplines fondamentales...
Poussons le raisonnement plus loin... Serait-il possible que toute discipline dépende directement des trois fondements? Est-il envisageable que tout découle de ces trois sciences?
C'est là que s'arrête mon raisonnement pour l'instant.
Work in Progress...
Bien entendu, n'hésitez pas à me faire part de vos avis... C'est comme ça que j'avancerai efficacement.
PS: Bien entendu, ce que je pose n'est qu'une réflexion personnelle, qui ne demande qu'à être démentie, ou prolonger.